Wikipédia:Projets pédagogiques/Université du Québec en Outaouais/Marshall MacLuhan

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Herbert Marshall McLuhan ( - ) est un intellectuel canadien. Professeur de littérature anglaise et théoricien de la communication, il est un des fondateurs des études contemporaines sur les média[1]. Étudiant les transformations culturelles apportées par l'imprimerie dans le monde occidental, il considère que le médium de communication a plus d'importance que son contenu, comme il l'énonce dans la formule « Le message, c'est le médium », et tente de prévoir les bouleversements qu'entraînera la télévision.

Portrait de Marshall McLuhan
Marshall McLuhan à l'Université de Cambridge.

Biographie[modifier le code]

McLuhan naît le 21 juillet 1911 à Edmonton, en Alberta. En 1916, la famille déménage à Winnipeg. Il s'inscrit à l'Université du Manitoba en 1928, avec l'intention de se spécialiser en ingéniérie, mais renonce à cette carrière après la première année et choisit plutôt de se spécialiser en anglais et philosophie. Il se passionne pour la littérature. Il s'embarque pour l'Angleterre à l'été 1932 et passe trois mois à y faire du tourisme à vélo. En 1933, il obtient l'équivalent canadien du baccalauréat, avec médaille d'or, et commence une thèse de maîtrise sur George Meredith. Il publie en 1951 The Mechanical Bride : The Folklore of Industrial Man (La mariée mécanique : le folklore de l'homme industriel), dans lequel il étudie les effets de la publicité et dissèque la culture nord-américaine de façon précise, impitoyable, spirituelle et mordante. Mais il est extrêmement déçu de la façon dont l'éditeur a amputé son texte et du retard apporté à la publication. En effet, « le livre est paru juste au moment où la fiancée mécanique était remplacée par la fiancée électronique[2] ».

Théorie des média[modifier le code]

Son postulat fondamental repose sur la notion de l’équilibre des sens, équilibre qui serait présent chez l’enfant comme chez le primitif, mais que les technologies et l’éducation perturbent, en donnant la primauté à la vue dans l’école traditionnelle, puis à l’ouïe depuis l’apparition de la radio et, enfin, au système nerveux central depuis l’arrivée de la télévision : « L'enfant très jeune est comme le primitif : ses cinq sens sont utilisés et ont trouvé un équilibre. Mais les technologies changent cet équilibre ainsi que les sociétés. L'éducation développe un sens en particulier. Hier c'était la vue, par l'alphabet et l'imprimerie. Depuis plusieurs décennies, c'est l'ouïe. Et désormais, c'est notre système nerveux central. Video-Boy a été élevé par la télévision. Sa perception est programmée autrement, par un autre médium[3]. »

Il désigne la somme et l'interaction des divers sens sous le nom de sensorium. L'arrivée d'un nouveau médium bouleverse le sensorium, avec des répercussions touchant tout le développement d'une civilisation : « Si l'alphabet phonétique est tombé comme une bombe sur l'homme tribal, l'arrivée de l'imprimerie l'a frappé comme une bombe H de 100 mégatonnes ».

Réception critique[modifier le code]

McLuhan a joui d'un succès considérable dans les années 1960. Il faisait la couverture des magazines et était recherché comme conférencier. Son livre The medium is the massage (1967) s'est vendu à un million d'exemplaires[4]. Toutefois, il est ignoré par la plupart des universitaires, même au Canada, et sa réception en France est largement négative.

Dès 1974, Raymond Williams critique son « déterminisme technologique », et cette critique sera souvent reprise[5]. La pensée de McLuhan tombe alors dans l'oubli et ne commence à être réexaminée qu'au début des années 1990 avec l'arrivée du Web, une autre révolution technologique qui bouleverse notre rapport aux contenus. L'intérêt de McLuhan réside notamment dans la valeur de ses hypothèses, comme le souligne Neil Postman : « Imaginons que ce que nous sommes soit un produit de la façon dont nous nous représentons le monde, alors quelles conséquences ? Ou supposons que notre organe sensoriel et par conséquent nos présupposés psychiques et éthiques soient sous le contrôle invisible de nos média, alors quelles conséquences ? » Contrairement à la pratique en milieu universitaire, McLuhan aimait lancer des idées même si elles n'étaient pas solidement étayées, les considérant comme des « sondes » visant à explorer l’inconnu et à faire naître de nouvelles pistes de recherche.

Notes et références[modifier le code]

  1. Le Prix McLuhan-Téléglobe Canada est créé en 1983 pour honorer la mémoire de l'éminent professeur de l'Université de Toronto mort en 1980.
  2. Voir par exemple, Francis Balle, Pour comprendre les médias. Profil d'une œuvre, Paris, Hatier, 1972
  3. Heyer, P. (1989), « Probing a Legacy: McLuhan's Communications/History 25 Years After », Canadian Journal Of Communication, 14(4). Accessible sur http://www.cjc-online.ca/index.php/journal/article/view/530/436
  4. Paul Attallah, « Le média est le message : La théorie médiatique de Marshall McLuhan », chap. 12 in Théories de la communication, Histoire, contexte, pouvoir, Sillery, Presses de l'Université du Québec, 1989.
  5. Marcel Mauss, Sociologie et anthropologie, Paris, PUF, coll. Quadrige, 1re édition 1950, 3e édition 1989, 482 p.

Bibliographie[modifier le code]

  • (en) Richard Cavell, « Specters of McLuhan: Derrida, media, materiality », dans Transforming Mcluhan. Cutlural, critical and postmodern perspectives, New York, Peter lang, p. 135-161
  • (en) Douglas Coupland (trad. Jean Paré), Marshall McLuhan, Montréal, Boréal,
  • Jean Paré, Conversations avec McLuhan, Montréal, Boréal,

Articles connexes[modifier le code]

Liens externes[modifier le code]